TRADITIONS PERDUES

 

 Il y a quelques cinquante ans, tout un tas de rites accompagnaient les diverses fêtes, passons en revue quelques uns des plus connus. Certains rites sont restés, ont été aménagés, d'autres ont disparus. Quand nos enfants et petits enfants liront ces pages, d'autres traditions ou jeux existeront. Sachez qu'en l'an 2000, on se chamaille pour des pogs ou des pokémons.

 

 

Nouvel An

 

 Aujourd'hui, le Nouvel An se résume en l'expression de vœux que l'on peu varier à l'infini, pour l'année nouvelle. Les vœux s'accompagnaient pour la plus grande joie des enfants de '' Wecke ''. C'était des gâteaux au levain, de forme longiligne, dont la partie supérieure était tressée. Le matin du nouvel an on pouvait entendre '' ich winsch dir viel glick im neje Johr, e Wecke bis an Ohr, so gross wie a Schierdoor ''.

 

Épiphanie

 

 Balthazar, Gaspard et Melchior avait fière allure quand ils arpentaient les rues du village. La suie ou le cirage noircissait le pauvre Balthazar peut être imparfaitement et les vieux rideaux servaient de costume. Cette tradition à tendance à resurgir aujourd'hui.

 

 

Pâques

 

 

Les fêtes de Pâques s'accompagnaient de tout un cérémonial qui débutait sérieusement dès le jeudi-saint. Ces jours marquaient le départ des cloches pour Rome. A l'église, la Croix était recouverte d'un voile mauve, la clochette de l'enfant de chœur ne marquait plus la présence du Christ et était remplacée par un sinistre marteau en bois. La crécelle '' S'serre '' remplaçait modestement l'appel des cloches le matin, aux offices, et surtout le soir. Dès vendredi on préparait avec soin les oeufs, coloriés de couleurs vives, pour être déposés dans les nids que faisait le lapin. Le samedi matin tous les enfants de chœur munis d'un immense panier '' Sprirekorb '' allaient récolter les offrandes des habitants, la plus part du temps des oeufs. Ils chantaient à tue-tête : O filii et filiae, rex caelesti, rex gloriae... 

 

Rogations

 

    Elles avaient lieu après Pâques, un jour de printemps, et par beau temps La procession se rendait dans les champs où devait être bénie la future récolte en répondant par '' Te rogamus audi nos '' aux suppliques du chantre. Le cortège s'arrêtait à la hauteur de la chapelle et le curé bénissait les futures récoltes, but de cette procession.

 

Fête Dieu - Herrgotts Daa

 

 

  C'était une sorte de fête du village, assortie de pratiques et de dévotion  chrétiennes. La fête débutait dès le samedi après-midi par le balayage des rues empruntées par le cortège, la plantation des '' Maîe '' , jeunes feuillus, tout le long de l'itinéraire . D'autres s'activaient à monter des autels éphémères à l'aide de charrette '' Britsch '' , ou mettaient la dernière main à l'ornementation du reposoir. L'itinéraire des processions conduisait de '' tantum ergo en tantum ergo '' de reposoir à reposoir avec départ et arrivée à l'église, et bénédiction à chaque reposoir. Cette manifestation de foi religieuse a dû s'incliner devant l'accroissement de la circulation, mais tend à refaire surface ici ou la, grâce au curé Houpert .

 

          La Fête Patronale - D'Hilschumer Keerb

 

 

 Officiellement, on fête St Brice, le saint patron de Hilbesheim, le 13 novembre, mais en réalité, le dimanche avant ou après la St Martin. On laisse au curé le soin de fixer la date exacte. Dans le temps on tuait le cochon à ce moment de l'année, les ménagères cuisaient toutes sortes de gâteaux, manèges, carrousels et stands de tir étaient montés par les ''Kiener '', un grand bal se déroulait chez '' Faterless ''. Lundi certains continuaient la fête, il y en avait même qui poussait la fête jusqu'au dimanche suivant.

 

Fatterless

 

Les pâtres - les hardiers

 

       Les pâtres ont certainement constitué pendant des siècles une caste à part, dont tous les paysans de Hilbesheim éprouvaient le besoin. La glandée, la vaine pâture, les '' Allmende '', terres communales, nécessitaient la présence de gens qui surveillaient les troupeaux de vaches ou de cochons qui leur étaient confiés. Ces personnes ne devaient rien ignorer de la répartition du ban communal et des droits des propriétaires du bétail. Trois pâtres logeaient dans le '' Hiertehuss '' situé rue de Réding '' Lauergass '', le'' Kuhhirt '', le '' Gänsehirt '', et le '' Söuhirt ''. Ils signalaient leur passage par un coup de trompe de manière à ce que les paysans avaient le temps de sortir leurs bêtes. Cet usage, dont les plus anciens se rappellent encore, n'existe plus depuis longtemps, certaines pâtures ayant été éliminé au gré des remous économiques.

 

            Le jeu de billes ou'' Schikespill ''

 

 Aujourd'hui, les jeunes font du patin à roulettes, du roller, du tennis, du skateboard ou d'autres sports. Dans le temps, les jeunes du village à défaut de pogs ou pokémons jouaient aux billes. Ce jeu se pratiquait sur la première marche en grès de l'escalier de l'église, les garçons n'étant pas spécialement gâtés par l'espace de jeu qui leur était réservé pour les récréations. Les billes qui étaient éjectés du triangle étaient gagnés par le lanceur. 

 

 

La baratte - S'Blottsfass 

 

             Pour produire du beurre, tout comme aujourd'hui encore, le lait était la composante de base. Le lait écrémé, accompagné de pommes de terre et de salade constituait le repas de base du soir. La crème conservée était versée dans la baratte, espèce de tonneau fermé par un couvercle, percé d'un trou, assez grand pour y glisser un manche en bois qui comportait à son extrémité un plateau en bois qui '' battait '' le lait. Le va-et-vient persistant provoquait un précipité issu de la dissociation du petit lait avec les matières grasses, ce précipité se solidifiait dans le fond de la baratte et donnait du beurre. Après la baratte manuelle, puis mécanique, on a construit, aux environs des années 1930, une laiterie centrale indépendante. Après la seconde guerre mondiale, ce système archaïque fut absorbé par Unicoolait de Sarrebourg. A l'heure actuelle l'ancienne laiterie est abandonnée et transformée en atelier municipal, la récolte du lait se faisant directement chez le producteur par des camions citernes.

 

Ancienne laiterie

 

La vigne

 

   Reportons-nous quelque temps en arrière. A l'époque, toute contribution  financière était la bienvenue à la survie des nombreuses bouches à nourrir. Contrairement à l'opinion qui a cours aujourd'hui, la Lorraine n'avait rien à envier à son voisin alsacien en ce qui concerne la vigne. Puis peu à peu la vigne disparaissait au profit d'autres cultures qui prirent le relais, même les plus entêtés capitulèrent.

 

S'yädde

 

 Lorsque les jeunes pousses risquaient de se voir étouffées par les mauvaises herbes, il fallait les enlever manuellement '' yädde '' . Il importait d'extirper tout ce qui pouvait contribuer à réduire le rendement, le désherbant n'existait pas. On se servait d'un outil  formé d'un manche en bois de 1.5m dans l'extrémité du quel on avait ajusté un élément tranchant et qu'on appelait '' Yädd ''. Cet accessoire a dû s'incliner devant l'arrivée des produits chimiques de toute nature, bien que encore utilisé dans les années 60.

 

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